Devance tous les adieux, comme s’ils étaient
derrière toi, ainsi que l’hiver qui justement s’éloigne.
Car parmi les hivers il en est un si long
qu’en hivernant ton cœur aura surmonté tout.
Sois toujours mort en Eurydice — en chantant de plus en plus, monte,
remonte en célébrant dans le rapport pur.
Ici, parmi ceux qui s’en vont, sois, dans l’empire des fuites,
sois un verre qui vibre et qui dans son chant déjà s’est brisé.
Sois — et connais en même temps la condition du non-être,
l’infinie profondeur de ta vibration intime,
c’est qu’en une seule fois tu l’accomplisses toute.
Aux réserves dépensées et aux couvantes, aux muettes
réserves de la nature, à ses sommes ineffables,
ajoute-toi en jubilant, — et détruis le nombre.
Sonnets à Orphée (1922), in Poésie, Rainer Maria Rilke,
traduction de Maurice Betz, éd. Emile-Paul frères, Paris, 1942. Provenant de ce site.
J'ai continué à dériver à partir du poème d'Ingeborg Bachmann et sa référence au mythe d'Orphée.
Voici l'un des sonnets à Orphée de Rainer Maria Rilke.
Il est longuement commenté, ainsi que celui d'Ingeborg Bachmann, par Hélène Cixous dans ce travail de l'Université de Rouen : "De Rilke à Bachmann et Cixous ou la métamorphose du mythe d'Orphée".
Les sonnets à Orphée ont été écrits par Rilke lorsqu'il séjournait au château de Muzot.
J'aime bien ce paysage de vignoble et de forêt, où se situe le château (cf.ce site).
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