samedi 22 décembre 2012

Ne fais pas de ta vie un désert - Robert Marteau


Le pollen de la crépide

Ne fais pas de ta vie un désert. N’en expulse
Ni Dieu ni les divins qui t’ont permis de vivre
Un peu plus qu’un instant ici même où tu es
Sans que tu saches la raison. entre les herbes,
Le ruisseau brille et nous murmure quelque chose
Que nous ne comprenons pas, bien que le chant,
L’eau, en soit clair. Pas plus, tu ne déchiffres l’A
B C que la buse épelle en miaulant sur
Son erre, ni le jaune intense des crépides
Face au soleil tout-puissant que les oiseaux noirs,
Haut perchés sur le coteau, acclament. Le vent,
Le perpétuel, quant à lui, propage à notre
Insu, se mêlant aux peupliers, les parties
Du discours qui nous font amèrement défaut .

Robert Marteau – 18 août 1993 (« Registre »)

Crépides...

Les photos sont tirés de ce site 

samedi 13 octobre 2012

A un ami absent - Wang Wei - Marcher jusqu'au lieu où tarit la source




Déjà les araignées de jardin abritent leurs toiles sous mes fenêtres,
Et l’on entend les grillons chanter entre les marches du perron ;
Déjà souffle ce vent froid, qui annonce le déclin de l’année ;
J’ai le cœur triste, et vous, mon maître, quelle impression ressentez-vous ?

Mes yeux demeurent souvent fixés sur votre habitation déserte ;
L’amour de la solitude a conduit au loin celui qui l’occupait.
Mes regards interrogent vainement sa porte oisive et silencieuse :
Le soleil seul y pénètre, éclairant les plantes d’automne de ses rayons affaiblis.

Vous m’avez, il est vrai, fait parvenir de vos nouvelles,
Mais pour m’apprendre qu’aujourd’hui nous sommes séparés par mille li.
Après avoir erré longtemps, comme un étranger, sur des routes inconnues,
Vous avez donc repris le chemin de ces montagnes, où déjà vous vous étiez retiré.

Nous sommes des amis de vingt années,
Et nous ne trouvons pas un jour pour échanger nos sentiments.
Si vous avez eu cruellement à souffrir de la fatigue et de la maladie,
Je n’ai pas eu, de mon côté, de moindres maux à supporter.

Bien que l’automne s’avance, et que vous ne soyez pas de retour encore,
J’espère toujours que l’année ne s’achèvera point, sans que je vous aie revu ;
Mais ce vœu se réalisât-il, combien la réunion durerait-elle !
Ne sera-ce point ma triste destinée de toujours penser à un absent !




Ouang-oey (Wang Wei)

Ouang-oey est né vers la fin du VIIe siècle et fut reçu docteur ès lettres en 713, l’année même où Hiouan-tsoung héritait du pouvoir souverain. Egalement renommé comme poète et comme médecin, il dut à ce double titre d’être tout à la fois recherché par l’empereur, protecteur éclairé des lettres, et par le fameux rebelle Ngan-lo-chan, ce Tartare qui demandait quel animal c’était qu’un poète et à quel usage il pouvait servir. Xerxès essaya vainement, nous dit l’histoire, d’attirer Hippocrate par des présents ; Ngan-lo-chan s’y prit d’une tout autre manière, il fit enlever Ouang-oey et le retint longtemps près de lui. Les biographes nous montrent ce poète-médecin remplissant les devoirs de sa profession, tout en demeurant fidèle à son maître, tantôt soignant, sur un champ de bataille, les blessés de l’armée rebelle, tantôt ne craignant pas d’improviser, à la table même du chef barbare, des vers en l’honneur de son légitime souverain.

Après la mort de Ngan-lo-chan et la pacification de l’Empire, Sou-tsoung, qui avait succédé à son père, nomma Ouang-oey gouverneur de Sou-tcheou. C’était un poste considérable, mais auquel il préféra bientôt le repos et la solitude ; il se retira dans une maison de campagne, qu’il possédait au milieu d’un pays montagneux, pour y mener jusqu’à son dernier jour cette existence contemplative, si chère à tant de lettrés chinois.

Ouang-oey professait le culte de Bouddha ; il ne couchait que dans un lit de cordes (un hamac probablement). Il n’épousa qu’une seule femme, la perdit jeune encore, et ne se remaria point. Il mourut à l’âge de soixante-deux ans, laissant pour son frère, devenu Premier ministre, et pour plusieurs de ses amis, des lettres empreintes d’un grand détachement des choses de ce monde, où il les engage à se replier sur eux-mêmes, et à épurer leur cœur.


Les images et les textes de cette page, tous de Wang Wei, sont issus de ce site sur la poésie chinoise.

Mais j'ai découvert Wang Wei par Michèle Dujardin par ce court poème :

Marcher jusqu'au lieu où tarit la source
Et attendre, assis, que montent les nuages
Parfois, errant, je rencontre un ermite :
On parle, on rit, sans souci du retour



lundi 16 juillet 2012

Il y a eu des pluies - Luce Guilbaud


[IL Y A EU DES PLUIES]

[extrait de 2. LA DEMOISELLE D’ESPÉRANCE]

Il y a eu des pluies des pluies encore
des voyages retenus
et toi dans les rêves
avec tremblements
soie sur la peau
dans la distance sans mesure

les couleurs ont traversé les pluies
et l’attente en gris avec rouge carmin au centre

on a vu des fleuves sortir de leur lit
pour entrer dans la gorge
ne reste que la boue et le trouble

les feuilles tombent
et les gestes se figent
les arbres familiers (des pommiers mêmes)
abattus par l’orage
fructifient encore

des pommes plein les paniers
des noix des nèfles des champignons
c’est l’abondance
mais le cœur a d’autres faims

je lis j’écris dans les fougères roussies
nos lettres se croisent au-dessus

parfois je t’inventais.

Luce Guilbaud, “2. La demoiselle d’Espérance” (extrait), in Nuit l’habitable, Les Arêtes éditions, Collection Au bord du livre, 17000 La Rochelle, 2012.

L'image est de Sarah Jarrett.

mardi 10 juillet 2012

Verticale je suis - Sylvia Plath - Sarah Jarrett



Verticale je suis (28 mars 1961)

Mais je préférerais être horizontale.
Je ne suis pas arbre avec mes racines dans le sol
suçant à moi minéraux et amour maternel
afin qu’à chaque mars je puisse être éclaboussure de feuilles

Non plus ne suis la beauté d’un jardin allongé
arrachant des ah enthousiastes et peint de façon baroque
sans savoir que je perdrai mes pétales
par rapport à moi, un arbre est immortel
et si petite la tête d’une fleur, mais plus saisissante
et tant je voudrais la longévité de l’un et la hardiesse de l’autre.

Cette nuit, dans l'infinitésimale lumière des étoiles,
les arbres et les fleurs ont déversé leurs odeurs froides
Je marche parmi eux, mais aucun ne me remarque.
Parfois je pense que lorsque je dormais
je devais parfaitement leur ressembler -
Pensées parties dans le sombre.
Cela serait si normal pour moi, de m'étendre.
Alors le ciel et moi parlons franchement,
et je serai enfin utile quand je reposerai pour de bon:
alors les arbres pour une fois me toucheront peut-être, et les fleurs auront du temps pour moi.

L'image est de Sarah Jarett (cf sa page Google+ ici)

dimanche 8 juillet 2012

Faust - Sokourov

Vu le Faust de Sokourov il y a maintenant 15 jours dans le tout nouveau cinéma d'art et d'essais de Grenoble "Le Mélies". Salle sentant encore le neuf. Bu avec Dévi un diabolo menthe à la terrasse.
Et le film, pour lequel j'ai attendu avant de réagir, que me reste-t-il maintenant, après ce temps passé ?
La force esthétique des images, l'hymne à la beauté, celle de Margarete (le choix des images sélectionnées ici le montre bien) qui éblouit sur le fond d'horreur que décrit le reste du film. Quelque chose de l'ordre du  sublime. Je reprends ici un extrait du blog de Claude Stéphane Perrin à propos du sublime :
"L'expérience esthétique déploie en réalité de multiples cer­cles, plus ou moins larges, entre les chaos et l'ordre. Ceux du sublime sont les plus sacrés, c'est-à-dire ceux qui confrontent simultanément tous les autres. Ils sont donc à la fois grandioses et terribles. À l'inverse du plaisir du joli qui fonde des inter­prétations plutôt claires et compréhensibles, l'expérience du sublime est confuse. Elle est éprouvée verticalement et simul­tanément menacée par deux infinis (l'un du plus grand que le grand, l'autre du plus petit que le petit). Cette vérité, si vérité il y a, est éminemment subjective et affective."


Le film de Sokourov nous confronte à l'abject, au grandiose et au sublime.
"L'entropie des corps et les formes temporelles sont donc la grande affaire du personnage de Faust mais aussi de l'esthétique de Sokourov. Le cinéaste n'a jamais filmé que des tombes et des sépulcres envahis de végétation et d'animalité bruissante, élevant une stèle secrète à l'union contrariée entre l'homme et sa finitude. Dans ces longs plans-séquences où les paysages ne sont jamais qu'intérieurs, s'éternisent des départs et des séparations sous le regard subjectif d'une caméra pinceau. Or, c'est justement de ce tombeau que cherche à s'échapper son Faust, prêt à aller y chercher Mephisto pour qu'il lui offre l'éternel jeunesse de la chair et le franchissement du Styx." Extrait de la critique de Chronic'art






dimanche 13 mai 2012

A la veille du printemps - Hugo von Hofmannsthal


Le vent du printemps court
Dans les allées sans feuilles
D'étranges choses
Sont dans son souffle.

Il s'est bercé
Parmi les larmes
Il s'est blotti
Dans des chevelures défaites.

Il a fait choir
Les grappes fleuries des acacias
Il a rafraîchi les corps
Et leur haleine brûlante.

Il a frôlé les lèvres
Ouvertes dans leurs rires
A couru dans l'herbe
Douce et vive des prés.

Dans la flûte il s'est glissé
Dans un cri, dans un sanglot,
Le rouge du couchant
A senti la caresse de son aile.

Sans un bruit il s'est glissé
Dans les chambres emplies de chuchotements
En passant il a éteint
La lueur des lampes.

Le vent du printemps court
dans les allées sans feuilles
D'étranges choses
Sont dans son souffle.

Dans les allées lisses
Et dénudées
Son souffle chasse
Des ombres blêmes

Et il nous offre son parfum
Qu'il apporte du pays
D'où il nous est venu,
La nuit passée.

L'original en allemand ainsi qu'un intéressant commentaire sur le blog "Raison garder !" de Jean Bérard.

lundi 7 mai 2012

Raphaële George - la grâce de l’abandon



Fermer les yeux pour rejoindre une autre lumière, une source qui se dissimule et qui refuse de se lever dans mon corps aujourd’hui.

Comme j’ai souffert jusque là, et maintenant que je souffre vraiment : je sais que je ne souffre déjà plus, car la lumière vient.

Bien-être étrange qui nous fait être le monde dans son mouvement et naître de ce monde par la grâce de l’abandon.

Raphaële George, Journal in Psaume de silence suivi de Journal, Éditions Lettres Vives, Collection Terre de poésie, 1986, page 33.

Découvert Raphaële Georges sur le blog d'Angèle Paoli "Terres de femmes".

mercredi 25 avril 2012

Emily Dickinson - Un noeud que nulle main - Yu Jinyoung



Les Mois ont une fin – les Ans – un noeud
Que nulle Main ne peut défaire
Pour étirer encore un peu
L’Écheveau du Malheur –

La Terre remet ces vies fatiguées
Dans ses Tiroirs mystérieux –
Trop tendrement pour que l’on doute
D’un ultime Repos –

À la façon des Enfants –
Lassés de la Journée –
Eux-mêmes – Jouets turbulents
Qu’ils ne peuvent ranger – (423)

Emily Dickinson, Une âme en incandescence (poèmes),édition bilingue, traduction de Claire Malroux, Éditions José Corti, 1998, p. 106 et 107.

Ce poème est en VO sur le site Poezibao où je l'ai trouvé et l'image est de Yu Jinyoung sur le site le Zèbre bleu.


jeudi 15 mars 2012

Nan Goldin - Scopophilia

Quelques images pour me souvenir du diaporama de Nan Goldin vu au Louvre fin 2010


Cupidon tombant amoureux de Psyché

Jeune hermaphrodite endormi

Pygmalion et Galatée









mercredi 14 mars 2012

Patti Smith - Masques d'amour - August Sander

Une photo d'August Sander
MASQUES D’AMOUR

ô livre de mon salut pas de crime plus doux pas de parfum plus entêtant
pas de neige plus légère que ton livre volé toi rimbaud
face de marin dont je cachais les mots sous mon corsage contre mon sein
– brouillon de l’Usine à Pisse

Les années me virent grandir tout en longueur bras et jambes devenir gauche et inexplicablement à part. Je cherchai ma famille sans la trouver. Ah ! comme tu m’as délivrée ! Tes mains de paysan plongeaient à travers le temps pour étreindre mon jeune cœur. Tes poèmes, trouvés dans un kiosque près de la gare des bus Greyhound où j’allais traîner et rêver de fuite, furent le billet qui me délivra de mon existence cloîtrée. Tes mots que je ne saisissais pas, déchiffrés à la lecture du sang, illuminèrent mon adolescence. Armée de toi je m’échappai de la suffocante campagne du sud du New Jersey, quittant les rues ancestrales pour le New York des rats poètes et du trafic public. J’écrivais, ton portrait au-dessus de ma table de travail, me jurant qu’un jour j’irais sur tes pas, habillée de ma casquette et de mon manteau du moment.

Patti Smith by Linda Smith Bianucci
Patti SMITH - Présages d'innocence / Auguries of Innocence p. 127
Christian Bourgois Editeur, 2007
Textes traduits de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Darras

J'ai trouvé ce texte dans les "Les carnets d'Eucharis" de Nathalie Riera.
L'original en anglais y figure aussi, ainsi qu'un second texte "Allongée dans le courant elle rêvait à August Sander".

mercredi 7 mars 2012

Une telle Volupté - Emily Dickinson - Florent Dutarque




J’essayais d’imaginer Solitude pire
Qu’aucune jamais vue –
Une Expiation Polaire – un Présage dans l’Os
De l’atrocement proche Mort –

Je fouillais l’Irrécupérable

Pour emprunter – mon Double –
Un Réconfort Éperdu sourd

De l’idée que Quelque Part –
À Portée de Pensée –
Demeure une autre Créature
De l’Amour Céleste – oubliée –

Je grattais à notre Paroi
Comme On doit scruter les Murs –

Entre un Jumeau de l’Horreur – et Soi –
Dans des Cellules Contiguës –

Je parvins presque à étreindre sa Main,
Ce devint – une telle Volupté –
Que tout comme de Lui – j’avais pitié –
Peut-être avait-il – pitié de moi –

(Cahier 25, N°532)




Ce poème est tiré du site des éditions José Corti.

Les photos sont de Florent Dutarque (Cf. son site)  que j'ai connu sur Plateform Magazine grâce à Candice Nguyen.

dimanche 4 mars 2012

La terre est brève - Emily Dickinson

Georges de la Tour - La madeleine à la veilleuse
Je me dis : la Terre est brêve –
L’Angoisse – absolue –
Nombreux les meurtris,
Et puis après ?

Je me dis : on pourrait mourir –
La Meilleure Vitalité
Ne peut surpasser la Pourriture,
Et puis après ?

Je me dis qu’au Ciel, d’une façon
Il y aura compensation –
Don, d’une nouvelle équation –
Et puis après ?
(Cahier 20, N°301)

Découvert ce poème d'Emily Dickinson sur le site des éditions Corti.

Me semble bien correspondre aux leçons de ténèbres :

vendredi 2 mars 2012

Emily Dickinson - Le bruit dans la Mare, à Midi surpasse mon piano...


“ Vous me demandez quels sont mes compagnons : les Collines — Monsieur — et le couchant — et un Chien — aussi grand que moi — que mon Père m’a acheté — Ils valent mieux que des Êtres — parce qu’ils savent — mais sont muets — et le bruit dans la Mare, à Midi — surpasse mon piano. J’ai un Frère et une Soeur — ma mère ne se soucie pas de la pensée — Père, trop absorbé par ses Dossiers — pour remarquer ce que nous faisons — Il m’achète beaucoup de Livres — mais me supplie de ne pas les lire — car il craint qu’ils n’ébranlent l’Esprit. Ils sont religieux — sauf moi — et chaque matin, s’adressent à une Éclipse — qu’ils appellent leur "Père". Mais j’ai peur que mon conte ne vous lasse — je voudrais apprendre — Pourriez-vous me dire comment grandir — ou est-ce intransmissible — comme la Mélodie — ou la Magie ? ”

(Extrait de la lettre à Higginson du 25 avril 1862)
 Emily Dickinson | Lettres aux amies et amis intimes
Domaine Romantique, éditions Corti, mars 2012
Traduction de Claire Malroux

Le site des éditions José Corti donne ce commentaire :
   
"Claire Malroux a rassemblé en un seul volume les correspondances féminines et masculines de Emily Dickinson, publiées il y a quelques années.
Ces correspondances ont un point commun : elles ont poussé Emily Dickinson à forger une prose aussi incandescente que sa poésie, à créer une forme littéraire sans équivalent. Un entrelacement de prose haussée au niveau de la poésie, et de poésie, tantôt ramenée presque au niveau de la prose, tantôt culminant en fulgurations ou éblouissantes condensations. On pourrait parler de texte-Centaure, ou plutôt de texte-Pégase, dont le corps de prose-cheval battrait au rythme d’ailes de poésie.
     Lettres de haut vol, donc, gardant intacte, au travers d’émotions contradictoires ou de surprenants messages, la force du secret d’où procède toute l’œuvre.
 

“Une lettre me donne toujours l’impression de l’immortalité parce qu’elle est l’esprit seul sans ami corporel. Tributaire dans la parole de l’attitude et de l’accent, il semble y avoir dans la pensée une force spectrale qui marche seule — Je voudrais vous remercier de votre grande bonté mais n’essaie jamais de soulever les mots qui m’échappent.”
Emily Dickinson, Lettre à Thomas W. Higginson de juin 1862


Plus qu'aucune autre correspondance, peut-être, celle de Emily Dickinson est une œuvre de création, un terrain littéraire ou dramatique où le poète est à la recherche d'un moi à la fois réel et fictif, plus authentique que le moi perçu par le société. Un dialogue entre soi et soi, devant un tiers privilégié, plus proche que le public inconnu auquel s'adressent en dernier ressort les poèmes.
Emily Dickinson se sent de plain-pied avec les femmes, et sans doute même a-t-elle conscience de la supériorité que lui confère son génie d'artiste. Elle peut partager avec elles à demi-mot certains sentiments, certaines aspirations, s’abandonner aussi, non sans ironie, au bavardage à propos de la vie quotidienne, se défouler de la tension à laquelle la soumet son activité de poète. (C.M.)

mercredi 29 février 2012

A dangerous method - Cronenberg


Vu récemment ce film.


La mise en scène de Cronenberg est d'une grande énergie.


Les grands débats qui ont agité la psychanalyse à ses débuts sont passionnants et bien retracés :
- La libido est-elle la pulsion déterminante en dernière instance (position de Freud) ou non (position de Jung)
- La libido n'est-elle que l'expression d'un pulsion de vie (position de Freud au début) ou est-elle l'expression contradictoire d'une pulsion de vie et d'une pulsion de mort (ce que Sabina Spielrein découvre et que Freud formalisera plus tard)
- Transfert et contre-transfert, jusqu'où aller avec ses patients...


Le personnage d'Otto Gross est fascinant par rapport à toutes ces questions. Je ne le connaissais pas. C'est un des précurseurs de Wilhelm Reich.
Bref voilà un film très riche !

samedi 18 février 2012

Ghost dance and four rituals - Hedi Zammouri

Vu hier soir ce spectacle de danse au théâtre de Verre. Très impressionnant.

Je reprends ici la présentation de la page FaceBook consacrée à l'évènement :

"GHOST DANCE AND FOUR RITUALS

Laurent Lavolé Manuela Martella Hédi Zammouri

GHOST DANCE AND FOUR RITUALS est une expérience anthropologique et dansée visant à se bricoler nos propres rituels. C’est une performance, au sens d’une anthropologie des religions « en acte ». Il s’agit ici de braconner dans quatre traditions extra-occidentales et pré-monothéistes afin de se ré-approprier des gestes, mouvements et manipulations d’objets anciens.

Ces rites d’animation d’objet sont :

− Le nimgan des nanaï du bassin de l’Amour (Sibérie).
− La consécration de la statue de Jagganath chez les jaïn de Puri, Rajasthan.
− L’animation d’un bouddha sinhalais.
− La danse du masque o hemlout chez les sulka de Nouvelle-Bretagne.

Que tous ces peuples soient ici remerciés !

Comme le suggère son titre, ce qui va se dérouler sous vos yeux est un rite funéraire pour nos pères défunts, ainsi que le résultat d’une réflexion sociétale plus vaste sur la gestion du deuil, la commémoration par le corps, l’expression de révolte, de colère, des besoins de catharsis, ainsi que des bienfaits apportés par la création de rituels personnels.

La danse purificatrice du premier chapitre se base sur les techniques des praticiens du souffle et des respirants holotropiques. Nous nous livrerons ensuite à l’effectuation des quatre rituels suivant la tradition des chamanes psychopompes, ceux qui aspirent l’âme, l’insufflent et la soufflent, afin de la raccompagner à buni, l’au-delà, le monde des morts...

Son

“Mangrove Kipling est un musicien français et plasticien sonore qui vit et travaille actuellement à Berlin, Allemagne. En parallèle à une pratique de la musique électronique sur ordinateur basée sur des enregistrements de terrain et de "straight-mix", la guitare joue un rôle principal dans son univers sonore, et sa voix se mêle aux sons d'objets, de déchets électriques, des fréquences et des impacts de sampleurs et de divers effets afin de perturber le lien entre l'objet que l'on voit ou l'image que l'on s'en fait, et la perception auditive directe obtenue. Un voyage dans un état "hypnosonique".
A travaillé sur de nombreux projets internationaux en collaboration avec la danse, l'art visuel et la performance théâtrale. "

mangrovekipling@googlemail.com

Objet

“Manuela Martella (1982, Allemagne, Italie, France) en tant que designer, plasticienne et danseuse de contact improvisation, elle explore le potentiel chorégraphique d’objets qu’elle conçoit pour le quotidien, ainsi que pour des performances de danse et de théâtre. « Un objet n’existe jamais dans sa singularité, mais dans le rapport avec autrui. Je joue et je fais jouer sur le trait qui essaie de circonscrire ce qui ne veut pas être fixé. »
Après de profondes études, recherches et collaborations artistiques en Allemagne, Italie et France, OBJET SOVAJE marquera le début d’un projet interdisciplinaire en 2012 … “

mnlmartella@gmail.com

Performance

“Hedi Zammouri (1984, France) aborde le mouvement par une pratique assidue des arts martiaux (Viet Vo Dao) durant sept années. Il vient à la danse sur le tard, étudiant les techniques contemporaines et le contact-improvisation simultanément. Il a principalement été formé par Yves Riazanoff, dont la compagnie universitaire Les Attrape-Corps (chorégraphies de la coréenne Hee Jin Kim, et des tunisiens Aïcha N'Barek et Hafiz Dahou) l'a accueilli durant deux années, ainsi que Isabelle Uskï, qui l'initie au outils de composition instantanée et au monde de la performance.
Il a depuis performé auprès de Judit Keri, Mathilde Monfreux et Elisabeth Saint-Jalmes (plasticienne), Dominique Brun et Sophie Gerard, avec qui il exerce ses premières armes avant de se lancer lui-même dans des créations chorégraphiques plus personnelles : A l'envers, Rosamour (Grenoble , Berlin), Extimité.
Il est actuellement en thèse d'anthropologie des religions et s'intéresse tout particulièrement aux liens entre rituel et performance.”

hz@eranos.fr"

vendredi 17 février 2012

Isa Marcelli

Vu l'exposition d'Isa Marcelli au Centre Iris.
Très touché.
Le coté très travaillé des oeuvres (effets de flou, d'ombre, superposition...), la réutilisation de techniques anciennes (Collodion, sténopé) me fait penser à Heinrich Kühn,dont j'avais vu une exposition au musée du Jeu de Paume.
Voici quelques images cueillies de ci de là :




















Qui pourra me donner ce poème de Pessoa parlant de fleurs et qui figure près de l'escalier parmi les beaux tirages d'Isa Marcelli (et que je n'ai pu retrouver sur le web) ?