[extrait de 2. LA DEMOISELLE D’ESPÉRANCE]
Il y a eu des pluies des pluies encore
des voyages retenus
et toi dans les rêves
avec tremblements
soie sur la peau
dans la distance sans mesure
les couleurs ont traversé les pluies
et l’attente en gris avec rouge carmin au centre
on a vu des fleuves sortir de leur lit
pour entrer dans la gorge
ne reste que la boue et le trouble
les feuilles tombent
et les gestes se figent
les arbres familiers (des pommiers mêmes)
abattus par l’orage
fructifient encore
des pommes plein les paniers
des noix des nèfles des champignons
c’est l’abondance
mais le cœur a d’autres faims
je lis j’écris dans les fougères roussies
nos lettres se croisent au-dessus
parfois je t’inventais.
Luce Guilbaud, “2. La demoiselle d’Espérance” (extrait), in Nuit l’habitable, Les Arêtes éditions, Collection Au bord du livre, 17000 La Rochelle, 2012.
Tiré du blog Terre des femmes
L'image est de Sarah Jarrett.
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