Quelques images et extraits de critiques qui traduisent l'émotion profonde que j'ai éprouvée :
"Regarder par soi-même, voilà pourtant le credo de Malick,
qui contrairement aux idées reçues, ne donne à voir le monde qu’à
travers les yeux de ses personnages, tantôt accueillant, tantôt
menaçant."
"Regarder par soi-même, c’est avant tout découvrir que Malick
ne joue pas l’état de nature contre la société, la guerre contre la
concorde, l’amour contre le Mal, qu’en somme il ne joue jamais contre :
ce qui se donne à voir au sein des nombreux couples d’oppositions qu’il
agence, c’est bien la pluralité du monde et l’extrême douleur, l’extrême
beauté, naissant de ses contradictions dépeintes sans aucun manichéisme
(il n’est pas Spielberg) ni aucun jugement moral (il n’est pas
davantage Kubrick)."
"Si l’œuvre malickienne arpente en tous sens l’empire des
signes, avec un émerveillement jamais tari, ses questions restent
insolubles, et leur répétition presque douloureuse, portées par les
multiples voix-off qui déroulent le récit de ces cinq films : est-il
possible qu’ensemble, ces signes fassent sens ? Y a-t-il une unité
derrière le multiple ? Quelle serait la nature du principe qui permet
ainsi tout et son contraire, qui donne et reprend sans cesse ?"
"C'est bien parce qu'il demeure sous l'emprise de la multiplicité des formes tout en ayant gardé la nostalgie de leur réconciliation, que Terrence Malick est le plus grand cinéaste en activité."
"The Tree of Life couple les souffrances de Job et la thématique
de la relation père-fils en tissant un récit de l’enfance dont le point
culminant serait la fin de l’âge d’or ou la Chute : la révélation
brutale d’un monde imparfait, nullement protégé par Dieu, et traversé
par la mort et la violence, la douleur et la tragédie."
"Au travers de son acceptation d’un Dieu impuissant et d’une création
imparfaite, Jack se révèle ainsi être le double de Job, ce personnage
biblique qui, dans son désarroi, confronte Dieu, puis se résigne.
Toutefois, l’histoire de Job telle qu’elle est contée dans The Tree of Life
substitue à l’idée d’une résignation celle d’une révolte silencieuse,
où s’entremêle la foi et le questionnement perpétuel. Malick, ce grand
cinéaste de la voix off, a de nouveau tissé une œuvre
magistrale à partir d’une polyphonie de voix hors-champ, qui semblent
ici nier le silence apparent de Job : la double voix off de
Jack, qui tantôt s’adresse à nous en commentant les images de son
enfance, tantôt s’adresse à Dieu en l’interrogeant sur son Œuvre. À
cette voix oscillant entre le souvenir et la confrontation, s’ajoute la
voix off de la mère – avec laquelle s’ouvre et se clôt The Tree of Life
– qui s’adresse autant à ses enfants qu’aux spectateurs ; cette voix
féminine du commencement et de la fin ne cessera d’évoquer la foi,
qu’elle nomme la voie de la grâce : la possibilité d’un monde régi par
l’amour et la beauté."
Cette fois c'est une critique, que j'ai trouvée très complète et intéressante, de Jennifer Cazenave sur cet autre blog.
"The Tree of Life, le seulement cinquième film de
ce cinéaste de 67 ans, s’ouvre sur la voix de Jessica Chastain, qui
nous confie avoir appris chez les sœurs qu’« il y a deux voies dans
l’existence : la voie de la nature et la voie de la grâce. Il vous faut
choisir celle que vous suivrez ». Quiconque connaît l’œuvre de Terrence Malick, ne s’étonnera pas de cette introduction chez un
cinéaste au tempérament contemplatif, obsédé par la nature et sachant la
filmer comme personne – mais une nature animée par l’esprit, comme un
reflet d’une réalité invisible qui en est le principe et le soutien.
Malick, dont le style mouvant semble perpétuellement frémissant d’un
souffle léger qui donne à ce qu’il filme la lumière et la vie, exalte
tout au long de son œuvre la nature, mais en cinéaste habité par la
grâce."
"Qu’il s’agisse d’évoquer des mondes inconnus, la profusion vitale qui
anime le monde ou la complicité bienheureuse d’une mère avec son
enfant, Malick possède comme personne l’art de renouveler notre regard
et, à la manière de Vermeer, de fixer les choses banales avec une
intensité telle qu’elles semblent soudain ouvrir une fenêtre sur
l’éternité. Le tout au service d’une vision qui possède la simplicité
biblique de la biblique vérité : « Sans amour, votre vie passera comme l’éclair. »
ritique de Laurent Dandrieu sur ce blog.
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