mardi 6 septembre 2011

Enfant, je pensais que l’été résoudrait tout - Malcolm Lowry


Caspar David Friedrich (1774 - 1840)
Der Mönch am Meer, 1808-1810
Enfant, je pensais que l’été résoudrait tout ;
Cette illusion m’est morte d’avoir vu tant de printemps manqués.
Les fleurs qui s’ouvraient à la maison se fermaient à l’école ;
La jeunesse naissait pour mourir à Liverpool,
Comme en Sierra Leone avec les séismes.
La tentation revenait comme le printemps dans les livres,
Un poème lu dans un magazine à deux sous,
À moitié compris — la vitrine retenant le sens —
Puis disparaissaient avec les filles qui jamais ne se retournaient,
Pâles visages entrevus qu’aspirait le sol.
Alors venait la mer, cobalt ou couleur de whisky,
La vieille nostalgie se portait sur une ville
Toujours au loin, sous un nom différent,
Arkhangelsk, Surabaya, ou Tlalpam…
Puis je compris que je ne cherchais que la mort,
Mais je régnais au seuil du temple,
Furieux de l’espoir qu’une aube séculaire
Apporterait enfin la sérénité.
Pour tout cela je suis encore l’animal qui tète :
La taverne au centre de mon cercle.

Malcolm Lowry, in Les Lettres Nouvelles, mai-juin 1970, pp. 86-87. Traduit de l’anglais par Serge Fauchereau.


J'ai trouvé que le tableau et le poème allaient bien ensemble. Ils sont tous deux tirés du site d'Angèle Paoli Terres des femmes ici pour le poème et là pour le tableau.
Le commentaire du tableau est très intéressant. La version anglaise du poème s'y trouve.

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