jeudi 16 février 2012

L'inconsolable - Jean-Marie Straub

J'ai été voir l'inconsolable de Jean-Marie Straub il y a quelques jours.

J'ai vu de lui, il y a très longtemps, les chroniques d'Anna -Magdalena Bach.
C'était au Pax, à Metz, le cinéma d'art et d'essais de la ville où j'ai découvert beaucoup de films et de metteurs en scène.
Or voilà que j'apprends justement, il y a quelques jours, lors d'un entretien de Laure Adler avec Straub, qu'il est né à Metz. De plus, les deux premiers courts-métrages sont inspirés de Maurice Barrès, l'un se nommant Lothringen, l'autre se déroulant sur les pentes du Mont-Saint Odile.
Poussé par une nostalgie récurrente pour ma terre natale, je me suis retrouvé dans la seule salle où il était joué en région parisienne.

Le premier film, "Lothringen", évoque, sur de lents panoramiques de Lorraine, l'annexion de la Moselle et de l'Alsace à l'Allemagne en 1871. J'ai été assez troublé.
 Exemple : on voit la gare et la grande poste de Metz, édifices néo-romans que j'ai toujours trouvés beaux. Straub rappelle que ce quartier de la gare a été édifié par les allemands pour marquer leur présence.
La gare de Metz avec le grand chevalier teutonique qui en garde les portes
La grand Poste de Metz
De même quand se déroule la vue sur Metz depuis la Croix Saint Clément près de Gorze et que le texte dit que de là on pouvait voir l'exode des messins vers la partie restée française de la Lorraine.

La vue sur Metz depuis la Croix Saint Clément
Faut-il raviver ce genre de souvenirs à l'heure où la paix avec l'Allemagne semble faite, où l'Europe se construit ?
Straub affirme qu'il ne faut pas oublier les blessures, même quand elles sont cicatrisées. Les cicatrices restent. C'est leur négation qui fragiliserait une véritable entente entre les deux pays.
Bien qu'un peut sceptique quant à ce raisonnement, je me suis laisser aller à cette promenade sur les lieux de mon enfance.
La cathédrale de Metz, vue de la Moselle.

Les premières photos ne sont pas tirées du film. Celle-ci oui. Je ne sais pas quel paysage est en arrière plan.

Celle-ci aussi est tirée du film. On est sur les bords de la Moselle à Metz. A gauche je pense que c'est l'île du Saulcy.
Les deux images ci-dessus font directement référence à "Colette Beaudoche", le roman de Maurice Barrès, dont Straub s'est inspiré pour Lothringen, une histoire d'amour contrariée entre une jeune Lorraine et un allemand. C'est elle qui renonce à lui car elle ne peut imaginer une relation entre un occupant et une occupée.

Dans le second film, l'héritier, nous sommes cette fois sur les pentes du Mont Saint Odile. C'est l'histoire d'un médecin alsacien qui est resté après l'annexion par attachement à sa terre et à son peuple.

Le Mont Saint Odile, sur le flanc des Vosges domine la vallée du Rhin.

Ces deux photos ne sont pas du film, mais je ne peux m’empêcher de les faire figurer ici.
Nous voici à nouveau dans le film, avec nos deux promeneurs dans les sentiers du mont Saint Odile
Le troisième film est un extrait d'un poème de Pavese sur une interprétation assez particulière de la légende d'Orphée et d'Eurydice. Pourquoi Orphée s'est-il retourné ? Non par impatience de la regarder, mais pour lui éviter de mourir une seconde fois. Après l'interprétation de la légende par Rilke, puis par Ingeborg Bachmann, voici celle de Pavese avec une méditation sur la mort qui est "quelque chose" quand on est vivant, mais n'est rien après. C'est ce vide plus horrible que la mort qu'Orphée veut éviter à Eurydice.

 J'ai été gêné par le caractère très figé de ce film. Mais au moins l'attention n'est pas distraite du texte !

Enfin le dernier film est une fable de Kafka. Je n'en ai pas tiré grand intérêt.

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