Je ne sais plus comment, au hasard de ma navigation pleine de méandres sur le net, je suis arrivé à ce poème et à ce tableau. J'aime le poème, mais j'aime encore plus le tableau : quelle plénitude, quelle paix, quel bonheur...
Mer
Parmi tous les lieux du monde
J'aime de l'amour le plus fort et le plus profond
Cette plage extasiée et nue,
Où je me fonds à la mer, au vent et à la lune.
Je sens la terre les arbres et le vent
Que le printemps gonfle de parfums
Mais en eux je ne désire je ne recherche
Que l'exhalaison sauvage de la houle
Montant vers les astres comme un cri pur.
Sophia de Mello Breyner Andresen (Porto, 1919 - Lisbonne, 2004).
Josep de Togores i Llach (Sardañola del Vallés, Barcelone, 1893 - Barcelone, 1970), Desnudos en la playa, Nus à la page, 1922.
Tiré du blog de Patricia Tutoy.
Notes de lectures, compte-rendu d'expositions, avis sur des films ou des concerts... L'ancienne version est sous Tumblr (grimmc7.tumblr.com)
jeudi 16 juin 2011
dimanche 12 juin 2011
Sestina - un poème d'Elizabeth Bishop
Sextine
Une pluie de septembre pleut sur la maison. Dans le jour qui décline, la vieille grand-mère est assise dans la cuisine avec l'enfant, à côté de La Petite Merveille (un poêle), à lire les plaisanteries de l'almanach. Elle rie et bavarde pour masquer ses larmes, pensant que ses sanglots équinoxiaux, ces larmes, et la pluie qui bat sur le toit de la maison avaient été prédits tous deux dans l'almanach, déchiffrables par les yeux des seules grands-mères. La bouilloire de fer fredonne sur le poêle. Elle coupe du pain et annonce à l'enfant. Viens, c'est l'heure du thé maintenant, mais l'enfant scrute au récipient les menues, les dures larmes qui dansent follement au feu du sombre poêle, comme la pluie sans doute au toit de la maison. Puis, pour faire un peu d'ordre, la vieille grand-mère raccroche à son cordon le subtil almanach. Ainsi que le ferait un oiseau, l'almanach branle, ouvert à demi sur le chef de l'enfant, branle sur la tête de la vieille grand-mère et sur sa tasse qu'emplissent de brunes larmes. Frissonnant, la vieille femme dit La maison est glaciale ; elle jette des bûches au poêle. Il fallait qu'il en fût ainsi, gronde le poêle. Je sais ce que je sais, rétorque l'almanach. Dessinant avec des crayons une maison rigide et un chemin qui serpente, l'enfant ajoute un homme aux boutons qui semblent des larmes et vient fièrement le montrer à la grand-mère. Mais, tout secrètement, alors que la grand-mère comme elle peut s'active aux alentours du poêle voici que les lunes, menues comme des larmes, qui se détachent des pages de l'almanach, viennent tomber sur le lit fleuri que l'enfant a soigneusement placé devant la maison. Temps de planter des larmes, a dit l'almanach. Grand-mère chante pour la merveille du poêle; l'enfant dessine une autre, inscrutable, maison. Sestina
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vendredi 10 juin 2011
Minuit à Paris - Woody Allen
Enfin vu le dernier film de Woody Allen, beau conte léger, ironique et tendre comme à l'accoutumé chez Allen. La parabole autour du syndrome de l'âge d'or est intéressante, l'analyse des rapports de couple toujours aussi fine et désespérée (malgré le "happy end" !) Le personnage de Gil est très attachant avec son air perdu et sa problématique de choix de vie. Celui d'Hemingway est impressionnant. D'où vient que je suis cependant un peu déçu ?
lundi 6 juin 2011
Les noces de Figaro à l'Opéra Bastille
Un petit extrait, celui qui m'a le plus touché, allez savoir pourquoi ?!
Voici les paroles :
Voici les paroles :
L'air de Chérubin"
Extrait des Noces de Figaro - Mozart
Livret de da Ponte (adapté de Beaumarchais, "Le mariage de Figaro")
---
Voi che sapete che cosa è amor,
Donne, vedete s'io l'ho nel cor.
Quello ch'io provo vi ridirò.
E per me nuovo, capir nol so.
Sento un affeto pien di deir,
Ch'ora è diletto, ch'ora è martir.
Gelo, e poi sento l'alma avvampar
E in un momento torno a gelar;
Ricerco un bene fuori di me,
Non so ch'il tiene, non so cos'è
Sospiro e gemo senza voler,
Palpito e tremo senza saper.
Non trovo pace notte nè dì,
Ma pur mi piace languir così.
Voi che sapete che cosa è amor,
Donne, vedete s'io l'ho nel cor.
Quello ch'io provo vi ridirò.
E per me nuovo, capir nol so.
---
Vous qui savez ce qu'est l'amour,
Voyez, madame, s'il est dans mon coeur.
Je voudrais vous dire ce que j'éprouve,
Mais c'est si nouveau que je ne puis le comprendre.
Je ressens une langueur pleine de désir,
Parfois douleur, parfois plaisir,
Je suis de glace, quand soudain mon âme s'enflamme,
L'instant d'après me revoici de glace.
Je recherche un trésor en dehors de moi-même,
Je ne sais qui le tient, j'ignore ce qu'il est.
Je soupire et je gémis malgré moi.
Je tremble et je palpite, sans savoir pourquoi.
Je ne trouve le repos, ni le jour ni la nuit.
Cependant il me plait de languir ainsi.
Vous qui savez ce qu'est l'amour,
Voyez, madame, s'il est dans mon coeur.
Extrait des Noces de Figaro - Mozart
Livret de da Ponte (adapté de Beaumarchais, "Le mariage de Figaro")
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Voi che sapete che cosa è amor,
Donne, vedete s'io l'ho nel cor.
Quello ch'io provo vi ridirò.
E per me nuovo, capir nol so.
Sento un affeto pien di deir,
Ch'ora è diletto, ch'ora è martir.
Gelo, e poi sento l'alma avvampar
E in un momento torno a gelar;
Ricerco un bene fuori di me,
Non so ch'il tiene, non so cos'è
Sospiro e gemo senza voler,
Palpito e tremo senza saper.
Non trovo pace notte nè dì,
Ma pur mi piace languir così.
Voi che sapete che cosa è amor,
Donne, vedete s'io l'ho nel cor.
Quello ch'io provo vi ridirò.
E per me nuovo, capir nol so.
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Vous qui savez ce qu'est l'amour,
Voyez, madame, s'il est dans mon coeur.
Je voudrais vous dire ce que j'éprouve,
Mais c'est si nouveau que je ne puis le comprendre.
Je ressens une langueur pleine de désir,
Parfois douleur, parfois plaisir,
Je suis de glace, quand soudain mon âme s'enflamme,
L'instant d'après me revoici de glace.
Je recherche un trésor en dehors de moi-même,
Je ne sais qui le tient, j'ignore ce qu'il est.
Je soupire et je gémis malgré moi.
Je tremble et je palpite, sans savoir pourquoi.
Je ne trouve le repos, ni le jour ni la nuit.
Cependant il me plait de languir ainsi.
Vous qui savez ce qu'est l'amour,
Voyez, madame, s'il est dans mon coeur.
Je voudrais vous dire ce que j'éprouve,
Mais c'est si nouveau que je ne puis le comprendre.
Mais c'est si nouveau que je ne puis le comprendre.
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