Une pluie de septembre pleut sur la maison. Dans le jour qui décline, la vieille grand-mère est assise dans la cuisine avec l'enfant, à côté de La Petite Merveille (un poêle), à lire les plaisanteries de l'almanach. Elle rie et bavarde pour masquer ses larmes, pensant que ses sanglots équinoxiaux, ces larmes, et la pluie qui bat sur le toit de la maison avaient été prédits tous deux dans l'almanach, déchiffrables par les yeux des seules grands-mères. La bouilloire de fer fredonne sur le poêle. Elle coupe du pain et annonce à l'enfant. Viens, c'est l'heure du thé maintenant, mais l'enfant scrute au récipient les menues, les dures larmes qui dansent follement au feu du sombre poêle, comme la pluie sans doute au toit de la maison. Puis, pour faire un peu d'ordre, la vieille grand-mère raccroche à son cordon le subtil almanach. Ainsi que le ferait un oiseau, l'almanach branle, ouvert à demi sur le chef de l'enfant, branle sur la tête de la vieille grand-mère et sur sa tasse qu'emplissent de brunes larmes. Frissonnant, la vieille femme dit La maison est glaciale ; elle jette des bûches au poêle. Il fallait qu'il en fût ainsi, gronde le poêle. Je sais ce que je sais, rétorque l'almanach. Dessinant avec des crayons une maison rigide et un chemin qui serpente, l'enfant ajoute un homme aux boutons qui semblent des larmes et vient fièrement le montrer à la grand-mère. Mais, tout secrètement, alors que la grand-mère comme elle peut s'active aux alentours du poêle voici que les lunes, menues comme des larmes, qui se détachent des pages de l'almanach, viennent tomber sur le lit fleuri que l'enfant a soigneusement placé devant la maison. Temps de planter des larmes, a dit l'almanach. Grand-mère chante pour la merveille du poêle; l'enfant dessine une autre, inscrutable, maison. Sestina
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Notes de lectures, compte-rendu d'expositions, avis sur des films ou des concerts... L'ancienne version est sous Tumblr (grimmc7.tumblr.com)
dimanche 12 juin 2011
Sestina - un poème d'Elizabeth Bishop
Sextine
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