Je souffre, je m’efforce, je tends au-dessus de moi-même,
j’allaite avec mon sang ce Dieu qui naît en moi.
Ce que l’Amour a de plus doux, ce sont ses violences ;
son abîme insondable est sa forme la plus belle ;se perdre en lui, c’est atteindre le but ;
être affamé de lui c’est se nourrir et se délecter ;
l’inquiétude d’amour est un état sûr ;
sa blessure la plus grave est un baume souverain ;
languir de lui est notre vigueur ;
c’est en s’éclipsant qu’il se fait découvrir ;
s’il fait souffrir, il donne pure santé ;
s’il se cache, il nous dévoile ses secrets ;
c’est en se refusant qu’il se livre ;
il est sans rime ni raison et c’est sa poésie ;
en nous captivant il nous libère ;
ses coups les plus durs sont ses plus douces consolations ;
s’il nous prend tout, quel bénéfice !
c’est lorsqu’il s’en va qu’il nous est le plus proche ;
son silence le plus profond est son chant le plus haut ;
sa pire colère est sa plus gracieuse récompense ;
sa menace nous rassure
et sa tristesse console de tous les chagrins :
ne rien avoir, c’est sa richesse inépuisable.
"hors satan" de Dumont est sorti cette semaine. Ce film m'aimante.
En dérivant à partir de là, j'ai trouvé les textes ci-dessus de Hadewijch dans cette page de Pierre Assouline consacrée au fiilm de Bruno Dumont portant le nom de cette poètesse.
Et je me suis souvenu du beau spectacle de Lucile Vignon que j'ai vu il y a quelques mois, dont j'avais rendu compte ici, où j'avais découvert avec émotion cette mystique flamande.