Très touché par ce poème de Paul Blackburn trouvé aujourd'hui dans "Terres de femmes" le
blog d'Angèle Paoli.
POÈME DU PARC
Dès le premier choc des feuilles leur alliance
avec l’amour, comment ça va ?
Pages qu’on écrit et déchire
Quelqu’un dans son trois-quarts s’assoit sur une colline et attend
Ce n’est pas le printemps, peut-
être n’est-ce jamais le printemps
peut-être est-ce le bout blessé de l’été
la tendre première brise de l’automne
la première pluie fraîche de l’automne sur le parc
et sur ces gens qui le traversent
La fille, elle pense :
la vie est ces pronoms
l’homme : demander / répondre / accepter
oiseau-vie . renne-mort
La vie n’est que verbes, voyelles et verbes
Ils sont tous les deux mouillés
Si c’est de l’amour, alors il faut faire
l’amour, autrement laisser tomber
« Créer la situation / voilà de l’amour
et l’éviter, voilà encore
de l’Amour »
de même que prendre soin, ou l’éveil d’une conscience, de même
n’importe quelle
autre conscience pourrait aurait
pu être
mais est désormais
chair chaude
giflant de la chair chaude
jusqu’à renne-vie / oiseau-mort
Tu cours, tu vois,
tu cours et descends la pente à travers le pré
et moi aussi je cours
pour te rattraper
Cette pluie est la tienne
elle tombe sur nous
et nous, aussi, l’un sur l’autre
Appartenons à la lune
que nous ne voyons pas
Il fait humide et frais
des bleus que nos peaux
auraient pu
prendre soin d’éviter
mais nous courons . courons
pour préparer
l’être d’amour après
Paul Blackburn, Villes suivi de Journaux, José Corti, Série américaine, 2011, pp. 26-27. Traduit par Stéphane Bouquet.