mercredi 13 juillet 2011

Plus clairvoyant qu'Ulysse - Louise Labé


Si jamais il y eut plus clairvoyant qu'Ulysse,
Il n'aurait jamais pu prévoir que ce visage,
Orné de tant de grâce et si digne d'hommage,
Devienne l'instrument de mon affreux supplice.

Cependant ces beaux yeux, Amour, ont su ouvrir
Dans mon coeur innocent une telle blessure
-Dans ce coeur où tu prends chaleur et nourriture-
Que tu es bien le seul à pouvoir m'en guérir.

Cruel destin ! Je suis victime d'un Scorpion,
Et je ne puis attendre un remède au poison
Que du même animal qui m'a empoisonnée !

Je t'en supplie, Amour, cesse de me tourmenter !
Mais n'éteins pas en moi mon plus précieux désir,
Sinon il me faudra fatalement mourir.

(Sonnet I en italien, transposé en alexandrins, 

Oeuvres complètes, édition Garnier-Flammarion.
 
A entendre par la compagnie Das Plateau ici 
  
J'ai trouvé le poème sur ce site.   

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